SOLO SHOW

Miguel Marajo

Faire le récit du cheveu crépu c’est raconter toute une histoire de la violence. L’aménagement occidental de l’espace noir et caribéen a toujours délié, tranché et lissé tout ce qui emmêle, complique, démultiplie, diffracte : grands séquoias qui mêlent, fougères, ficus, friches…

Le crâne est un champ de bataille. C’est probablement ce que l’artiste plasticien Miguel Marajo tente de toucher depuis plusieurs années déjà : la dimension politique du crâne, de tout élément crépu qu’il soit végétal, minéral, organique…

Mais les éléments se libèrent toujours dans l’œuvre de Marajo comme s’ils rejoignaient les étendues du monde. Dans Entrelacs Ella (2022), une bourrasque prend tout l’espace et les vents deviennent des nattes qui s’émancipent. Dans D’abord venue d’ailleurs (2022), les motifs décoratifs se mêlent à une Vénus ou à une Manman Dlo qui est l’esprit des profonds, la mer des Antilles qui déchaîne les lignes lisses où l’on nous enferme.

Après notre contact avec l’œuvre de Marajo, nous ressortons convaincus de la magnificence de nos esthétiques noires et impénétrables…

Chris Cyrille
Critique d’art, curateur et chercheur