Raymond Gemayel

Eve de Medeiros, fondatrice et directrice de DDESSINPARIS, a choisi pour le coup de cœur de la prochaine édition de DDESSINPARIS {24} l’artiste Raymond Gemayel.

L’artiste vit et travaille à Marseille. Après des études à Beyrouth, l’artiste obtient au Glendon collège de Toronto, un diplôme en science politique et d’économie. Il participe à plusieurs expositions collectives et projets artistiques. Il est nommé lauréat de la commande d’automne et du proramme Capsule de la Cité Internationale des Arts à Paris. La Fondation Boghossian l’accueillera en 2023 dans le cadre de sa résidence d’artistes. Également en 2023, Raymond Gemayel participe à la Biennale de Beyrouth au Musée Sursock où les différentes formes de création artistique critique sont présentées.

« Si je devais décrire ma pratique dans un dessin et décrire ce dessin, je vous parlerais d’un triangle, avec des angles de langage, de corps et de territoire, dans ce triangle l’eau flotte. »

Raymond Gemayel.

L’artiste présentera un travail sur papier autour du thème de l’eau, thème recurrent dans ses recherches. Raymond Gemayel est parti de l’hypothèse de la mémoire de l’eau de Jacques Benveniste. (Médecin, immunologiste et chercheur).

L’œil se noie

Une peinture à l’eau de mer : l’eau répand, dilue, dissout. Les formes s’affaiblissent jusqu’à se dissiper. Les frontières, les limites se voilent et s’effacent. À dire vrai, la matière elle-même fond, s’évapore ou expire. Que cherche l’artiste ? Une désorientation spatiale et corporelle. Un espace interne et externe à l’intérieur duquel on ne peut se localiser ni se positionner. Une espèce de flottement dans lequel le territoire est illimité ; le corps léger, sans gravité ; le langage indéfinissable, aussi éloigné du monolinguisme que de la polyglossie. On ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve : pour ne rien pétrifier ni figer quoi que ce soit, Raymond Gemayel procède, chaque fois, à une remise à zéro. Il prépare, à l’acrylique, un nouveau bain qui fait renaître, autrement, l’angle du langage, du corps, de l’espace. Le milieu de la métamorphose est liquide. Des sillages, des vagues, des mouvements, des mirages, des images se créent, indéfiniment. Raymond Gemayel réalise ici un travail empreint de poésie. Il ne faut y chercher ni l’essai ni le roman, mais la méditation et la perte des repères.

Seloua Luste Boulbina, Philosophe.