Black Box
Fidèle à sa vocation de mettre en lumière les nouvelles formes du dessin, et de montrer que les artistes repoussent sans cesse les frontières de ce médium fondateur, la direction artistique proposera deux vidéos d’artistes.
Le dessin sortira donc une nouvelle fois de la feuille sur cette édition, et s’animera pour venir nous surprendre sur écran. A travers la vidéo, qui offre aux artistes un terrain d’expérimentation riche et résolument contemporain, cette nouvelle Black Box offrira aux visiteurs de DDESSINPARIS l’expérience immersive du dessin en mouvement.
Dominique Castell, représentée par l’Atelier Vis-à-Vis de Marseille :
Dove noi siamo ? – Stromboli
Vidéographie HD, 03:43, 2021
Cet art consommé de la dérive, de la fluctuation graphique se manifeste pleinement dans la série de dessins Dove noi siamo ? – Stromboli (2021) qui convoque sur les cimaises Jules Vernes et son Voyage au centre de la Terre.
Où sommes-nous ? demande le professeur Lidenbrock qui, au terme de l’expédition, vient de refaire surface sur le volcan sicilien après avoir traversé la terre. Nous sommes au coeur du dessin, dans sa mécanique paradoxale. Le tracé est tenu, maîtrisé. Il parcourt avec détermination la feuille noire du papier pour former une sorte de trame. Est-ce l’oeuvre d’une machine ou de la main, on hésite tant sa régularité semble programmée et tenir à distance les émotions. Presque mécaniques, ces dessins sont pourtant vibrants, humains et à la mesure du souffle qui entraîne la main. Leur agencement, éclaté sur le mur, comme une dentelle de laves propulsées dans le ciel, semble rejouer quelques mouvements géologiques.
La vidéographie Dove noi siamo ? – Stromboli prolonge l’expérience du dessin. Elle montre l’acte de dessiner en lui-même sans pour autant en dévoiler l’origine. Seule apparait la pointe d’un stylo qui dépose sa lave argentée à la surface du papier. Dans un mouvement répétitif et régulier, elle met à jour un trait sismographique qui griffe le support et dialogue avec des silhouettes blanches animées Ces dernières glissent dans les interstices des traits, accompagnent la reprise du geste comme un contrepoint émotionnel au « faire mécanique ». Entre maîtrise et lâcher prise, automatisme du dessin et expérience sensible du réel, le motif se déploie en une chorégraphie fluide et unifiée.
Véronique Baton