Catherine Burki

Eve de Medeiros, fondatrice et directrice de DDESSINPARIS, a choisi pour le coup de cœur de la prochaine édition de DDESSINPARIS {22} l’artiste Catherine Burki.

Diplômée du DNSEP en 2004 à l’École Supérieure des Beaux-Arts de Marseille (esadmm), l’artiste a vécu trois ans, entre 2006 et 2009, à Budapest. Elle a fait partie de l’Association des jeunes artistes de Hongrie (FKSE). Elle vit et travaille à Marseille depuis 2013.

Catherine Burki – Il est avantageux d’avoir où aller, par Henri Guette, critique d’art              

Il est bien difficile de séparer l’origine de l’écriture de celle du dessin. Ce qui les distingue, c’est sans doute la capacité de déchiffrement ; la capacité des signes de faire système entre eux. Catherine Burki se présente parfois comme une “écrivain illettrée” en revenant au geste même d’inscrire sans se soucier de lettres ou d’un code. Un témoignage. L’ensemble des tirets et des points, la place encore des blancs sur le papier laisse penser au morse mais sans tout à fait en avoir la rigueur et surtout sans possibilité d’être traduite. Le simple témoignage d’une présence. L’écriture est un trait distinctif des civilisations sédentaires ; développée pour des raisons comptables, gestionnaires, elle s’est ensuite et non sans méfiance étendue à d’autres usages. Catherine Burki dans sa série Territoires et transitions reprend l’idée d’un nomadisme, d’un dessin qui chemine et peut évoquer par son tracé une trajectoire. Le simple témoignage d’un passage.

Une phrase n’est jamais une ligne droite et dans les livres que propose Catherine Burki, on peut voir comme des cartes. Les embranchements qu’elle propose loin d’indiquer des routes ou des itinéraires à suivre témoignent davantage de flux et d’énergies. A la manière des cartes marines polynésiennes, composées de coquillages, de bois, elles donnent des indications sur les forces qui traversent un territoire comme les courants ou la trajectoire des étoiles. Au travers de ses “Feuillets” et “Points de suspensions” qui poursuivent la série sur d’autres formats, l’artiste joue des strates et par le découpage et la superposition relie le temps et l’espace. Dans la saturation des “Feuillets”, se lisent le bruit et le plein de passages passés comme dans un palimpseste, alors que dans la structure aérienne des “Points de suspensions”, les croisements, laissent la place au blanc, au futur et aux traversées à venir. Territoires et transitions évoquent souvent les oiseaux, animaux d’augures, animaux d’écritures ils ouvrent des espaces à interpréter.